VENISE

A l’occasion de mon anniversaire, j’ai eu la surprise d’être kidnappée par mon époux. Avec la complicité de mon assistante qui a falsifié sans scrupule mon planning depuis deux mois, il a réussi à organiser un voyage qui me tient à cœur. Donc mercredi soir, après le boulot, il me dit «  Prépare une petite valise, nous partons à minuit ! »…Le suspens est à son comble jusqu’à l’aéroport de Barcelone où je découvre enfin notre destination : Venise !!!

C’est la troisième visite de la Sérénissime, et je ne m’en lasse pas. J’aime l’odeur iodée de la lagune, le clapotis de l’eau sur les murs,  le calme de certaines ruelles qui débouchent  sur le vacarme des grands axes, la gouaille des vénitiens (quoiqu’on entende beaucoup de français, anglais, espagnol, allemand et bien sûr chinois), les pasta et les buschettta….

Nous décidons de flâner hors des sentiers connus. A un rythme de 10 à 15 km par jour, nous avons arpenté les coins délaissés par les touristes et avons découvert plus d’une curiosité.  Je vous en livre quelques unes.

Le pont les sept sœurs : si vous passez dans le Duordoso, cherchez le pont delleMaraviglie (le pont des merveilles). Il enjambe le rio San Trovaso non loin de l’Accadémia.  La légende raconte qu’il existait sept sœurs. Six d’entre elles étaient magnifiques tandis que la septième était très laide. Mais un soir apparut dans le ciel sept brillantes étoiles, dont l’une scintillait plus que les autres. Le lendemain, la vilaine fut encore plus belle que ses six autres sœurs.

Toujours dans le Dorsoduro, trouvez le sotoportego menant au casino dei nobili. Autrefois il y avait une maison de jeu et de plaisirs à cet endroit. Il faut savoir que les commerces se situaient autrefois au premier étage, les parties habitations à partir du second, les rez-de-chaussée étaient destinés aux entrepôts. Donc, pour filtrer au mieux la clientèle, un judas fut aménagé dans le plancher au dessus de la porte, et  permettait de voir qui sonnait en bas… Il passe inaperçu pour le passant non averti. Remarquez qu’il est classé  à l’équivalent italien de nos monuments historiques.

Promenons nous à présent dans le quartier de Santa Croce. On peut facilement trouver le Poste Vecie qui est l’une des plus anciennes auberges vénitiennes, datant du XVIème siècle. On y accède par un pont privé en bois et elle accueille aujourd’hui un restaurant de produits de la mer. Remarquez les étranges cheminées qui la surplombent. On en trouve beaucoup comme elles. A l’époque où presque tout était en bois, on redoutait les escarbilles qui étaient si souvent responsables de meurtriers incendies. Pour se prémunir des ces funestes flammèches, on dotait les cheminées d’un couvercle qui filtrait les fumées.

Et pour finir, allons dénicher la vieille au mortier dans le quartier de San Marco : la légende raconte que le 15 juin 1530 deux factions (les Tiepolo  et les Gradenigo) s’affrontèrent sur la piazza San Marco. Les seconds furent battus est s’enfuirent, mais quand ils passèrent sous les fenêtres de la veuve, celle-ci fit tomber un lourd récipient et tua le porte drapeau. En récompense la location de sa maison ne fut plus augmentée, pour elle et pour ses descendants !

Encore merci à celui qui partage ma vie depuis plus de vingt années !